Qui sont les pirates ?

A l’époque de Napster, la folie peer to peer a commencé dans les cours d’école et les campus américains. Les utilisateurs du peer to peer étaient alors presque exclusivement de jeunes adolescents de sexe masculin, vite suivis par les étudiants, qui téléchargeaient depuis les lignes à haut débit des cités universitaires. Trois ans plus tard, le tableau est un peu moins caricatural. Les femmes sont en train de rattraper les hommes (35 % des utilisateurs européens, selon Jupiter). Chez les adolescents, qui représentent toujours le gros des troupes (55 % des utilisateurs américains ont moins de 24 ans), le P2P est devenu un véritable phénomène de société. Aux Etats-Unis, 52 % des 12-17 ans ont déjà utilisé le peer to peer ! Mais ils perdent du terrains face aux jeunes adultes (20 % des utilisateur ont entre 25 et 34 ans), en particulier les plus riches et les plus éduqués. Même les adultes tout court (21 % de 35-54 ans) s’y mettent, et, dans une moindre mesure, les seniors (4 % de plus de 54 ans). « L’échange de fichiers n’est plus réservé aux préados et aux étudiants calés en informatique, explique Mark Ishikawa, PDG de BayTSP, une société qui traque les « pirates » pour le compte des majors. Cet état d’esprit est en train de se propager à la société toute entière. » La remarque vaut également à l’échelle mondiale. Né aux Etats-Unis avec Napster, le peer to peer était marginal dans le reste du monde. Aujourd’hui, l’Europe et le reste du monde développé (Japon, Australie, Corée du Sud, Israël...) ont rattrapé l’Amérique. Selon Mark Mulligan, environ 20 % des internautes sont adeptes de l’échange de fichiers des deux côtés de l’Atlantique : « L’usage du peer to peer est similaire dans les pays de l’Union européenne, avec l’Espagne et la France légèrement en tête. » Enfin, l’échange de fichiers musicaux se répand au bureau. Selon les premières conclusions d’une étude sur les usages du P2P en France menée par Vincent Mabillot, maître de conférences en sciences de l’information à l’université Pierre Mendès France de Grenoble, 15 % des utilisateurs téléchargent depuis le bureau. Selon une étude menée par e-Marketer, 20 % des postes de travail britanniques sont équipés d’un logiciel d’échanges de fichiers. Enfin, selon le spécialiste de la sécurité informatique N2H2, qui vend des solutions de filtrage de contenus, le peer to peer arrive en tête des applications qui « perturbent » le plus les salariés au travail, devant les jeux vidéo et les lecteurs de DVD.



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